2017 – 13ème titre, un long dimanche

Crédit Glenn Gervot/FFBS

2017: 13EME TITRE, UN LONG DIMANCHE DE VICTOIRE

Dans la longue, longue histoire de leurs victoires en finale, les Huskies ont imaginé plusieurs façons de gagner. Il y eut le mode rouleau compresseur, que même un petit accroc n’empêchait pas d’avancer sans pitié (2003, 2005, 2009, 2010, 2012). Il y eut de solides bras de fer, dans lesquels les rouennais faisaient plier petit à petit la résistance adverse (2013, 2015, 2016). Il y eut les remontées épiques, les deux matches à gagner dos au mur (2006, 2008, 2011).

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Et puis il y eut les chefs d’œuvres. Le premier, 2007. Une intensité exceptionnelle, une finale qui s’est jouée en 3 jours, des Huskies qui pensaient avoir gagné au 4è match avant d’être submergés au début du 5è puis de tout renverser. La génération de rouennais qui était dans le dug-out de 3è but du terrain de Chartres s’en souviendra toujours, car ce titre concluait une saison absolument exceptionnelle.

Et désormais, on pourra inscrire dans la liste des inoubliables l’année 2017. Un scénario qui n’avait jamais été écrit jusque-là. Avec le déroulé du premier week-end, on aurait se douter qu’il allait se préparer quelque-chose de pas vraiment ordinaire. A Sénart, entre le home-run d’Infante, le walk-off de Brown, les erreurs défensives des rouennais, les balles passées des sénartais, la souricière de 10è manche, il s’était passé plus de choses que durant toute l’interminable et soporifique saison régulière. Le samedi avait rajouté de l’invraisemblable dans la balance : Owen Ozanich qui se fait bombarder de 6 coups-sûrs et 4 points en 1ère manche et qui évite d’en prendre un 5ème grâce à un jeu au marbre. Les rouennais qui ne trouvent pas la solution avant de coller un 8-0 aux sénartais dans les 3 dernières manches, dont une poussée de 5 points en 6ème, couronnée par un simple de deux points d’Infante, toujours là quand cela compte.

KEINO PEREZ SE LÈVE

Keino Perez - Crédit Glenn Gervot/FFBS

t puis, tout est devenu encore plus fou. Un dimanche commencé dans la grisaille d’un matin d’octobre. Et qui s’est achevé alors que le soir tombait, mais que les yeux de Keino Perez s’illuminaient de cet éclat de fauve qu’on a vu si souvent dans le passé, à San Marin en 2007, au Pershing en 2013, et partout, à chaque fois qu’il fallait sauver le navire des Huskies. La situation est grave, la patrie est en danger ? Keino Perez se lève, et le combat change d’âme.

Cette fois, Rouen était au bord du gouffre. Une nouvelle fois, le momentum avait changé. Combien de fois, dans ces 5 matches, une équipe a pensé avoir mis l’autre KO ? Ces incessantes mouvances furent l’un des sels de cet incroyable duel. Cette fois, c’est Sénart qui avait tous les atouts en main. Les Templiers avaient été assomés quelques manches plus tôt par un violent home-run de 3 points Cespedes puis, à la manche suivante, alors que les Templiers avaient recollé au score grâce à Brady et Baoui, par un double avec les buts remplis de Jaspe. Cette fois, c’est sûr, Rouen allait gagner. Entré en relève après sa mauvaise sortie du matin, (3 home-runs concédés, ce n’était jamais arrivé aux Huskies), Granado avait sorti le grand jeu en 7è et 8è avec 4 K en 6 frappeurs.

Luc Piquet Crédit Glenn Gervot/FFBS

Puis la machine s’est déréglée. Coup-sur, BB, BB. Yoann Vaugelade est appelé pour closer l’affaire avec les buts remplis. Cela commence par 2 prises à Hanvi. Le balancier revient du côté de Rouen ? Non, car le nouveau venu, qui n’a pas joué un match de la saison (ah ! la splendeur des réglements du baseball français) troue la droit de l’avant-champ rouennais et fait marquer deux points. Jiminian dépose son bunt traditionnel pour remplir les sentiers, et Brady créé l’égalité en recevant un but sur balles. Les sénartais ont les buts remplis, un seul retrait, ils tiennent leur rêve d’humilier Rouen chez lui, en finale.

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On a joué 4 matches et 8 manches, et les deux équipes sont à égalité 8-8. Le titre de champion de France va se jouer sur rien, sur un dernier souffle. Et Perez s’est levé. Quelques lancers plus tard, il revient vers le banc, le point brandi bien haut. Il fallait deux strike-out. Perez les a lancés. On en connaît pas beaucoup qui auraient réussi cela.

Les Huskies repassent au bâton. Le ciel se fait sombre, les lumières s’allument sur la colline du Mont-Gargant, comme autant d’étoiles qui brillent dans les cœurs des supporters qui n’ont jamais cessé de donner de la voix, encouragé par le showman Mickael Cerda au micro et par les danses et les chants de Cyril Vissac, Stéphanie Raulet, Delphine Reber et de tous les bénévoles.

Une question de respect.

La tension monte, les étincelles entre les deux équipes pourraient suffire à éclairer le terrain. Duchossoy reçoit un but sur balles. Puis Cespedes aussi. Evidemment, car les dieux du baseball prévoient tout, Keino Perez se présente au bâton. Evidemment, on lui demande un bunt. Evidemment, il l’exécute parfaitement. Evidemment, Sénart a prévu le coup et mis en marche sa défense agressive. Mais tout va se dérégler chez les Templiers. Townsend est en première base. Ce n’est pas sa place naturelle, mais les nombreux changements de position (il y eu successivement Peyrichou, Brelle puis Brown à occuper le 1er coussin) l’ont amené ici. Le grand américain a du mal à capter la balle, et son relai est totalement imprécis. Pendant ce temps Duchossoy ne s’est jamais arrêté et il file vers le marbre pour marquer le point du 13è titre. Le reste est fait de chansons, de cris, d’embrassades, de pleurs, de photos.

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Il se fait tard, c’est sans doute pour cela que les sénartais étaient pressés de rentrer chez eux et ont oublié d’assister à la cérémonie de clôture. Ce départ précipité des sénartais, on le regrettera, car il y a dans cette équipe de grands joueurs de baseball, des adversaires respectés, des hommes de valeur. La naturelle animosité entre deux équipes qui dominent depuis dix ans (même si Rouen domine beaucoup plus que Sénart) ne doit pas faire oublier un élémentaire respect. Il est des agissements, et ce ne fut pas seulement ce boycott, qui ne grandissent pas ceux qui les accomplissent, mais si on peut comprendre le niveau de frustration qui habite certains Templiers. Après tout, chacun à sa façon d’écrire l’histoire du jeu.

Les rouennais préfère l’écrire en gagnant. Et si ce titre à un cachet spécial, c’est que rien n’avait été facile, avec une défaite chez eux, au Challenge de France, justement contre Sénart. Puis une Coupe d’Europe pas tout à fait à la hauteur des ambitions, même si battre deux clubs allemands n’est pas à la portée de tout le monde. Puis il y a eut des blessures (Lefevre, tombé pour l’équipe de France), des départs (Fromental, reparti pour ses études). L’édition 2017 des Huskies n’avait pas cet aspect dominateur et intouchable de certaines équipes des autres saisons. Mais elle avait du cœur, beaucoup de cœur, et c’est ce qui lui a permis de renverser la montagne sénartaise.

Les Huskies continuent à remonter sur les traces du PUC. Ils ont encore 9 titres de retard. Pourquoi ne pas les gagner dans les 9 années qui viennent, et se donner rendez-vous dans 10 ans, en 2027, pour une nouvelle année en 7 ? Un beau défi que la jeune génération qui commence à pointer son nez sera certainement capable de relever. Les cris de joie n’ont pas fini de retentir dans le ciel du terrain Pierre-Rolland.

Crédit Glenn Gervot/FFBS
Crédit Glenn Gervot/FFBS

LA FINALE 2017 VUE PAR… LES JOUEURS

Les Huskies ont remporté leur 13me titre de champions de France. En 13 finales. Et tous le reconnaissent, ce fut peut-être la plus dure et la plus belle.

Keino Perez, Manager

« Ce fut la finale la plus difficile. Il y avait en face un adversaire très fort, qui nous avait déjà battu au Challenge et qui était en confiance. C’est une équipe très solide offensivement. Nous avions en plus perdu deux joueurs importants Max Lefevre (blessé) et Gabriel Fromental (études au Canada)… On devait donc être encore plus disciplinés, encore plus intenses jusqu’au bout. et on n’a jamais lâché. Cette finale pouvait basculer à tout moment.

Mon entrée ? (keino entre en 9me manche avec les buts remplis et un seul retrait. Le score est de 8/8. Sénart vient de marquer trois fois. Il enchaine alors deux strike outs et éteint l’incendie) Je savais que je devais à tout moment être prêt, au cas où. J’ai confiance en mes lanceurs, ils sont allés au maximum. Quand je suis rentré, je me suis dit que c’était mon championnat, mon titre. Hors de question de perdre. J’étais prêt à tout pour cela. Celui qui voulait m’enlever mon titre de champion de France devrait me battre. Après au bâton, je pensais déposer l’amorti, puis j’imaginais que Kenji (Hagiwara) allait frapper fort et loin pour la victoire. Mais l’histoire a finalement été un peu différente (lol)

C’est le collectif qui a gagné. Notre équipe est très difficile à affronter. Dans chaque victoire, un joueur différent s’est illustré. Chacun a pris sa part et pour les lanceurs adverses, c’est compliqué car le danger peut venir à tout moment. »

Keino Perez est en train de devenir une légende à Rouen Crédit Glenn Gervot/FFBS

Kenji Hagiwara, outfielder

« Pour moi, la plus belle finale restera la première (2003). Mais celle là, c’est la plus folle (Kenji a gagné les 13 titres). Elle est indescriptible. Sincèrement, les deux équipes pouvaient l’emporter. Aucune ne voulait lâcher. Je voulais saluer Valentin Durier (20 ans mi-septembre, pas titulaire durant la saison régulière). Ses frappes lors du match 3, c’est la clé. Il nous a sorti de la galère. Chapeau !

Et puis, il y a aussi la rentrée de keino comme lanceur en 9me, et qui sort deux strike outs à un retrait et bases pleines ! Il a fait exactement ce qu’il fallait. Il a montré qu’il avait vraiment des c….. Il n’a plus autant le niveau pour dominer Sénart, et pourtant il l’a fait. Au mental ! Car offensivement, ils étaient plus costauds que nous, avec de la puissance, de la vitesse…« 

Valentin Durier, outfielder

« Je pense que ça a dû être une des plus belles finales du baseball francais ! Du premier match jusqu’au 5ème, on a été au coude à coude avec Sénart. Le dernier match illustre bien la série. Pour ma part, je suis vraiment heureux de ce que j’ai pu apporter à l’équipe, car c’est un travail d’équipe avant tout. Après, j’ai eu une saison assez difficile, mais voilà, c’est beaucoup de travail qui paye au bon moment, et ça me donne envie de m’entraîner encore très dur cet hiver pour faire ma place dans l’équipe en tant que titulaire et pouvoir gagner encore de nombreux titres avec Rouen ! Les compliments de kenji (Hagiwara) ? Je suis ravi de savoir que mon match 3 a eu un impact aussi important sur l’équipe. Ca me fait d’autant plus plaisir que Kenji est un des piliers de l’équipe avec beaucoup d’expérience. Ça me fait touche beaucoup. »

Oscar Combes, outfielder

« C’est la plus grande finale. Le 5me match, c’était émotionnellement incroyable. Et la 9me manche !! On a gagné au mental et à l’expérience. Et que dire de la sortie de Keino (Perez) ? C’est le boss. »

Même en Coupe d’Europe, je n’ai pas vécu ça.Ce sont les cinq matchs les plus intenses que j’ai disputé à Rouen.

Maxime Lefevre, troisième but (blessé en finale)

« Mais malgré tous ces renversements de situation, on n’a jamais douté. On savait qu’à chaque manche, il pouvait se passer quelque chose. On a souvent été mené mais les gars savaient ce qu’ils avaient à faire, on a l’expérience de la victoire. Rien n’est jamais fini jusqu’au dernier retrait en baseball. Encore la preuve. Et quand tu as 1000 spectateurs dans le stade, ca te booste ! »

J’ai vécu tout cela sur le banc et j’ai cru devenir dingue. C’était rebondissement sur rebondissement. Une vraie montagne russe !
Xavier Rolland, Président des Huskies

Xavier Rolland, Président des Huskies

« Dur, dingue, belle… Quelle finale !

Dur car on a affronté une très grosse équipe de Sénart. Nous, nous n’étions pas à 100% avec des absents…On a été souvent bousculé dans cette série 2017, mais les joueurs ont été solidaires, ont su encaisser quand il le fallait, n’ont jamais paniqué et ils ont su trouver les solutions pour réussir à remporter ce 13me titre…

Dingue, car on est passé par toutes les émotions. On a cru perdre, puis on a cru avoir gagné, puis perdre à nouveau, puis gagner… Du côté des émotions, c’était une véritable montagne russe durant les deux week ends. Chaque match aurait pu basculer en faveur de l’autre équipe. Vous vous rendez copte que nous étions dans le dernier match de la saison, dernier match de la série finale, derniere manche et que les équipes étaient toujours à égalité… Il a fallu attendre la dernière demi manche pour connaitre le verdict de la saison… La pression était terrible.

Belle enfin. Au niveau intensité, ce fut certainement l’une des plus belles. A ranger côté émotions certainement avec 2003, le première, et 2007, qui avait aussi été fantastique. Plus une finale est dure à gagner, plus vous savourez. Et là, on savoure vraiment… »



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