Maxime Lefevre range son gant

A 32 ans, après 15 titres de champion de France, l’arrêt court des Huskies de Rouen a décidé de mettre un terme à sa riche carrière qui l’a mené en Arizona, au Canada, et bien sûr à Rouen. 

Pourquoi avoir décidé de prendre ta retraite ? Tu n’as que 32 ans…
Ce n’est jamais facile de prendre une telle décision, je sens que mon corps a encore quelques années à donner, mais c’est avant toute chose une décision personnelle.
Depuis peu, j’ai de nouvelles responsabilités au boulot qui impliquent beaucoup plus de déplacements sur Amiens et une charge de travail grandissante. Couplée à l’arrivée de notre premier enfant d’ici quelques semaines, j’ai décidé qu’il était temps de raccrocher.

Une carrière ça passe vite ?
Incroyablement vite ! J’en parlais justement aux boys à la fin du match, on se rend pas compte jusqu’au jour où ça se termine pour de bon.
De mon arrivée au pôle de Rouen quand j’avais 13 ans, à mon premier match avec l’équipe Une des Huskies, mon départ pour les US (Cochise college en Arizona), le championnat remporté avec les Capitales de Québec, tous ces trophées avec Rouen, ces coupes d’Europe, ces compétitions internationales avec l’équipe de France… Jusqu’à ce dernier match face à Metz, c’est passé à une vitesse folle !
Honnêtement, j’ai débuté ce dernier week-end sans vraiment réaliser (ou sans me l’avouer), que c’était la dernière fois que je portais le maillot des Huskies en tant que joueur. Tout ce qui a été fait lors de ce dernier match, l’ovation avant le match et pendant mon dernier passage au bâton, puis la sortie en cours de manche… Tout cela m’a profondément ému. C’est à ce moment que j’ai pleinement réalisé que c’était la dernière. Je serai à jamais reconnaissant !

Maxime Lefevre, des stats impressionnantes et une fidélité remarquable aux Huskies

Tu aurais préféré terminer sur un nouveau titre j’imagine ?
Bien sûr, j’ai préparé cette saison pour remporter tous les trophées comme chaque année ! L’histoire aurait été belle !

Comment expliques-tu d’ailleurs cette mauvaise saison ?
C’est une saison décevante pour le club, pas uniquement pour l’équipe mais aussi pour toutes ces personnes qui travaillent derrière, qu’on ne voit pas. Si nous voulons être réalistes, c’est un ensemble de choses, internes à l’équipe, un recrutement sur le papier très fort mais finalement décevant. Un état d’esprit général loin d’être celui que nous avons affiché pendant de nombreuses années.
C’est un échec sportif certes, mais c’est surtout une nouvelle opportunité d’apprendre et de reconstruire quelque chose de solide !

Te souviens-tu de ton arrivée à Rouen ? De tes débuts chez les Huskies ?
Comment ne pas m’en souvenir ! J’avais 13 ans, je rentrais en 4ème ! Je débutais le pôle espoir, ce qui allait être un tournant dans ma vie ! Sylvain (Virey) et Luc (Piquet) étaient les coaches et je vous assure que ça déménageait ! Ils m’ont apporté le cadre dont j’avais besoin ! Sans cette arrivée en 2004, ma vie aurait été différente.
Mes débuts avec les Huskies, c’était une grosse étape ! J’arrivais dans une équipe qui était déjà une référence, avec des joueurs qui étaient installés en équipe Une mais également en équipe de France depuis des années. J’avais tout à prouver, je prenais la relève de Dany Scalabrini qui était un sacré joueur ! Honnêtement, ça été une histoire d’amour dès les débuts, la première saison a été une réussite, et ce, jusqu’à ce samedi 2 septembre 2023. Avec des hauts et des bas, mais surtout des hauts et des souvenirs qui resteront en moi à vie.

Une bonne idée d’avoir rejoint les Huskies ?  Comment s’étaient passées les discussions ? Tu t’en souviens ?
Plus qu’une bonne idée, je n’aurais voulu vivre ça avec aucun autre club ! Rouen, c’est mon club, ma ville, là où j’ai tout construit, et où je m’apprête à accueillir ma fille !
Les Huskies c’est l’ADN du haut niveau. Pendant toutes ces années, j’ai retrouvé à Rouen ce que j’étais parti chercher à l’étranger. Un fonctionnement proche du professionnalisme, un amour pour le baseball et encore plus pour la victoire, un esprit de famille.
Franchement, je ne me souviens pas bien des discussions, il faudrait demander à mon frère. Greg (Fages) est une encyclopédie du baseball, il doit s’en souvenir (rires).

LEFEVRE Maxime
Short stop

Carte d’identité
Lance: droite
Frappe: switch
Taille : 1m72 (5’8″)
Poids: 82 kg (180 lbs)
Date de naissance: 17 février 1991 (age 32)
Lieu de naissance : Enghien les Bains (France)
Université: Cochise College (USA)

Statistiques
Stats 2015 38 G, 142 AB. 41 R, 56 H, 6 2B, 4 3B, 2 HR. 26 RBI, 25 SB, .394 AV
Stats 2016: 30 G. 106 AB. 35 R. 32 H, 6 2B, 2 3B, 1 HR. 24 RBI, 19 SB. .302 AVG
Stats 2017: 24G. 77AB, 21R, 18H, 1 28, 1 3B. 4HR. 18RBI, 4SB. .234AVG
Stats 2018: 41G, 145AB, 37R, 44H, 17 2B, 0 3B, 1HR, 27RBI, 9SB.303AVG (Thru finales)
Stats 2019: 33G. 120AB, 38R, 37H, 8 2B, 1 3B. 2HR, 19RBI, 15SB .308AVG (Thru finales)
Stats 2020: COVID Stats 2021: 22G, 73AB. 16R, 20H, 8 2B, 0 3B, 1HR, 12RBI, 4SB.274AVG (Thru finales)
Stats 2022: 19G, 60AB, 17R, 16H, 1 2B. 0 3B, OHR. 10RBI, 5SB .267AVG (Thru finales)
Stats 2023: 22G, 73AB, 10R, 14H, 1 2B, 1 3B. 2HR, 11RBI, 5SB .267AVG (Thru finales)
CAR: 336G, 1231AB. 335R, 371H, 77 2B, 17 3B. 15HR, 280RBI, 155SB. .302 AVG

Clubs en carrière
St Prix, Cergy, Vauréal, Montigny, St. Joseph Mustangs (USA), Capitales de Québec (Canada), Rouen (depuis 2009)

Equipe de France

Quel est ton meilleur souvenir avec la meute ?
C’est cliché de dire qu’il y en a beaucoup, mais c’est vrai ! L’un des tops souvenirs serait Rotterdam en Coupe d’Europe. Nous les battons chez eux ! Nous finissons par nous qualifier pour le final 4 à Rome ! Là, on jouait un baseball incroyable !
Puis, plus modestement, la finale que nous gagnons pour la dernière de Keino (Perez) en 2022. Celle-ci restera aussi avec beaucoup d’émotions et un « au revoir » au patron !
Cette dernière face à Metz, tout l’amour du club que j’ai ressenti quand vous avez été tous présent pour me remercier. Ce moment est l’accomplissement d’une carrière et de tant de sacrifices. Merci infiniment !

De toutes tes stats, de laquelle es-tu le plus fier ?
Des stats collectives ! 12 fois champions de France et 8 fois du challenge, c’est pas mal quand même ! 20 titres fêtés avec les boys, c’est ce qui restera. Les stats personnelles, c’est bien mais si j’ai réussi à laisser une trace humaine tout aussi importante, alors la mission est accomplie.

Tu as joué de 2009 à 2023. Quel est l’équipe la plus forte dans laquelle tu as évolué selon toi ?
2012, l’année de Rotterdam et du final 4 ! On a une équipe complète sur tous les aspects du jeu !
2015, avec Larry, McKenzie et Lusson, c’était solide aussi;
Qu’as-tu envie de dire à aux jeunes de l’équipe qui vont reprendre le flambeau ?
J’en parlais justement avec David (Gauthier), Luc (Piquet) et Boris (Marche), la chance que nous avons de faire ce sport qui nous apporte tellement plus qu’une pratique sportive de haut niveau ! Ça nous a forgé en tant qu’homme, nous a offert cette capacité à affronter le monde professionnel et trouver des solutions pour réussir ! Des amis sur qui nous pouvons compter en dehors des terrains ! C’est l’école de la vie le baseball ! Alors j’ai envie de leur dire de ne pas tricher, de bosser sans relâche, de toujours se relever car il n’y a pas d’échecs, que des leçons. Jouez avec passion, croyez en vous et travaillez plus fort que n’importe qui car la résultante sera plus grande que le baseball, elle dictera votre vie.

Maxime Lefevre avec le maillot des Capitales de Québec

Que dirais tu à un jeune qui a envie de jouer à Rouen ?
Venez, tout est fait pour vous mettre dans les meilleures conditions possibles ! Vous serez peut être la future génération qui continuera d’écrire l’histoire de ce club. Le meilleur club français des 20 dernières années.

As-tu conscience d’avoir évolué dans certainement la meilleure équipe de l’Histoire du baseball français ?
Oui et j’en suis persuadé ! Ce que Rouen a prouvé en France mais également en Europe ces dernières années, je ne pense pas qu’une autre équipe l’ait fait auparavant.

Tu as aussi joué en Arizona et aux Capitales de Québec ? Inoubliable j’imagine ?
Ça fait partie des expériences qui ont fait la personne que je suis aujourd’hui ! L’Arizona était la découverte d’un tout nouveau baseball, beaucoup plus compétitif, propre au système Nord-Américain. C’était la transition parfaite après avoir passé six ans en sport étude à Rouen ! Cette expérience m’a donnée les armes pour affronter le baseball professionnel.
Les capitales de Québec auront toujours une place dans mon cœur même si cela n’a duré qu’une saison. J’avais l’opportunité d’y retourner pendant plusieurs années après, mais j’ai décidé de revenir en France pour m’établir sur le plan personnel et professionnel. Québec a été tout simplement incroyable, aussi bien au niveau baseball que humain ! J’ai rencontré des personnes formidables, avec qui je suis toujours en contact ! J’ai réalisé mon rêve de jouer pro et de vivre de ma passion. Et puis, j’ai rencontré Coralie là-bas donc comment ne pas garder ce chapitre de ma vie précieusement.

Pour finir, je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes au sein de ce club qui est pour moi une famille ! On a vécu de sacrés trucs ensemble quand même ! Je ne serai jamais loin, je vous aime !
On se voit la saison prochaine, au bord du terrain 😉

RÉACTIONS
Patrick Scalabrini (Manager des Capitales de Québec): Toutes mes félicitations à Max pour sa superbe carrière. Nous avons beaucoup apprécié ton séjour à Québec ! Tu as été l’un des joueurs les plus explosifs a avoir joué pour les Capitales (un des plus petits aussi haha !)

François Colombier (ancien manager des Huskies) Très souvent, les clubs français, et Rouen en fait tout autant, font appel à des arrêts-courts étrangers. Il faut de l’expérience et du talent pour tenir ce poste crucial. Mais les Huskies, pendant de nombreuses années, ont pu compter sur un spécialiste français, et sans doute le meilleur d’entre eux à ce poste, Maxime Lefevre. Il était vraiment capables de jeux très spectaculaires, de bien diriger la défense, de rassurer tout le monde, avec de très solides capacités physiques. Alors, peut-être lui manquait-il quelques centimètres et quelques kilos pour aller encore plus loin dans sa carrière, mais au bâton, Maxime était tout aussi capable de sortir quelques longues balles que de faire parler des jambes en posant un amorti. Un joueur complet, et il n’y en a pas tant que ça dans le baseball français. Ce qui est le plus intéressant dans le développement des joueurs, c’est la façon dont ils deviennent des hommes. Max avait un caractère un peu plus difficile dans ses plus jeunes années, mais la maturité venant, il a su se transformer en un vrai leader, par la voix et par l’exemple. Et puis, surtout, il avancé professionnellement, il se construit une carrière, et c’est ce qui compte le plus. C’était toujours agréable de discuter avec lui de baseball ou d’autres choses. Maxime fait partie de la deuxième génération des Huskies champions, et il a su parfaitement porter et transmettre le flambeau aux suivantes. L’avenir dira si la flamme continuera à brûler, mais c’est une autre histoire. On ne peut pas parler de Maxime sans évoquer son supporter n°1, son frère Greg Fages, et je suis certain que ça lui fait un gros coup au cœur de voir son joueur favori raccrocher le gant.
David Gauthier (ancien receveur des Huskies) Maxime marquera l’histoire du club mais aussi celle du baseball français.
C’est un joueur d’une autre classe, une classe qu’on a rarement l’occasion de croiser sur les terrains français. Et quand je parle de classe c’est pas uniquement pour son goût des tendances stylistiques! Gants, pantalons sur mesure, chaussette et teeshirt coupé, expérience capillaire, etc etc…On en a vu passer pendant sa carrière Ahahah !
Non Max a réussi à élever le niveau du championnat français à lui seul mais aussi celui de tous ses coéquipiers dans chaque équipe où il est passé. Un vrai leader de jeu !
Mettre un terme à sa carrière n’est jamais une chose simple et facile tellement notre engagement envers ce sport a été total pendant la plus grande partie de notre vie. Mais son avenir est radieux pour lui et sa femme Coralie, donc je ne doute absolument pas qu’il aura d’autres challenge à relever !
Et puis ça n’est qu’une fin de carrière sportive, mais l’amitié elle ne s’arrêtera pas.
C’est ça la force de notre famille, la force des Huskies.
Xavier Rolland (ancien Président des Huskies) C’est avec beaucoup d‘émotion que j’ai vu Max quitter le terrain pour la dernière fois. J’avais contribué à le faire venir quand il avait 18 ans… Il fait partie de cette génération dorée des Huskies avec les Luc Piquet, Kenji Hagiwara, David Gauthier, Boris Marche, Joris Bert… Ils ont constitué la plus grande équipe de tous les temps du baseball français.
A Québec cet été, on me parlait encore de lui (il a joué en 2014 pour les Caps). Il avait tous les atouts du baseballeur. Le bras, les jambes, la frappe régulière. Il pouvait aussi frapper avec puissance. Un garçon intelligent, attachant. J’aimais lorsque j’étais président refaire les matchs avec lui. Il m’a promis de rester dans l’environnement des Huskies. On compte sur lui car Rouen a besoin de son expérience, de ses conseils…
Robin Roy (ancien manager des Huskies) J’ai vu Maxime arriver à Rouen au Pôle espoir. Un gamin, passionné de baseball et avec un vrai talent. Je me souviens le regarder et être très étonné de la qualité de ses mouvements et attitudes sur le terrain, surtout dans un pays et à une époque où il n’y avait pas beaucoup de repère.
Maxime est donc un vrai talent naturel pour ce sport, mais je pense surtout un vrai athlète.  Je l’ai vu évoluer de plus loin et c’est avec de l’admiration que je l’ai vu se développer sportivement, humainement et professionnellement .
Sa longévité dans notre sport qui reste confidentiel témoigne de sa passion, et de son engagement.
Chapeau Maxime pour cette belle carrière !
Keino Perez (ancien manager des Huskies) J’ai eu la chance de connaitre Max, à la fois comme coéquipier, puis comme manager. Max a toujours été respectueux, avec une caractère fort, bien sur, mais il faut un tel caractère pour arriver à obtenir le meilleur de nous même. Exigeant, perfectionniste et winner, il m’avait dit un jour  « quand mon niveau descendra, je m’arrêterai ». Et voila. Je ne pense pas que son niveau a baissé, mais plutôt que son mental a basculé dans une autre phase de sa vie, il va devenir père. Il faut être à 100% et lui pouvait plus le faire.
Max est sans aucun doute un des Hall of Fame du baseball français. 



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