14 Juin Thibault Mercadier aime Québec
Le lanceur rouennais a passé six semaines au sein des Capitales de Québec. Même si l’aventure s’est arrêtée, Thibault ne retient que du positif et veut se donner les moyens de resigner pro l’année prochaine. Michel Laplante, le Président de Québec, reconnaît avoir été épaté par le jeune Rouennais. « Quelle classe pour un jeune de 21 ans ! Il m’a dit qu’il allait travailler à développer un peu de puissance. Je pense que le reste va suivre. »
Thibault, comment s’est passée ton expérience ?
Mon expérience s’est très bien passée. Je n’ai qu’un seul mot pour vraiment décrire ce que j’ai vécu, c’était magique. J’ai commencé en étant un « unpaid invitee » donc un joueur invité au camp qui n’était pas payé. Mon but était de prouver que j’avais ma place au sein de joueurs qui avaient déjà leur ticket pour l’équipe. Je ne pense pas qu’il y avait beaucoup de places de libres quand je suis arrivé. Le camp de présaison s’est passé à merveille pour moi, j’ai très bien lancé durant les matchs d’entraînement et les matchs de présaison contre d’autres équipes professionnelles. Après le camp, j’ai eu la chance de vivre ce que c’est de jouer au baseball en tant que professionnel. Nous avons commencé la saison directement avec un road trip d’environ 18 jours aux États-Unis ! J’ai pu rencontrer et jouer avec des joueurs de très haut niveau comme les ligues majeures, les ligues mineures etc. C’était très formateur de pouvoir me mesurer à des joueurs pareils tous les jours et d’apprendre d’eux aussi.
C’est comment être un « Capitale de Québec » ?
Être un Capitale de Québec c’est quelque chose d’impressionnant, il y a tellement de fans de baseball dans la ville de Québec. C’est la première fois de ma vie que des gens me reconnaissaient dans la rue ou dans les magasins ! Les fans sont exceptionnels à Québec, il y a beaucoup d’engouement envers les Capitales ! Être un Capitale aussi c’est incroyable grâce à tout le staff qui travaille tous les jours pour nous. Les gens qui travaillent dans l’ombre, l’administration, les kinés, les managers de l’équipement, tout le monde est là derrière nous pour qu’on ait le plus de chances de réussite possible. Pour une première expérience professionnelle, je n’aurais pas pu tomber dans une meilleure organisation.
Quel est ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir est quand le gérant, Patrick Scalabrini m’a annoncé que je faisais l’équipe à la fin du camp d’entraînement de pré saison. Les deux derniers jours du camp, j’étais un peu plus stressé car je savais que la fin arrivait et que Patrick Scalabrini allait annoncer son roster final, juste avant le départ pour le début de la saison. A la fin du dernier jour d’entrainement, le coach des frappeurs, Lachlan Fontaine, est venu me voir dans le vestiaire pour me dire que Patrick voulait me parler. Je savais que c’était pour avoir cette discussion tant attendue. Quand je suis entré dans le bureau j’étais très nerveux, je voulais absolument rester chez les Caps. Patrick a commencé par me dire: » Thibault, nous avons bien aimé ce qu’on a vu, en arrivant ici, tes chances de faire l’équipe étaient de quasiment 0″. Quand il m’a dit ça, je me suis dit, c’est bon c’est la fin je rentre en France. Ensuite, il m’explique que malgré mes chances très faibles, il me demande en souriant si je voulais continuer l’aventure avec eux et devenir enfin un Capitale. J’ai souri en rigolant nerveusement car bien sûr je voulais rester. Ce moment a été le meilleur du séjour pour moi, car c’était le moment où je passais d’amateur à professionnel pour la première fois de ma vie.
Ton intégration s’est bien passée ?
Mon intégration s’est très bien passée, oui. Au début, comme à mes débuts aux USA à l’université, les gens me disaient qu’ils ne savaient pas qu’il y avait du baseball en France. Ce qui est génial chez les Capitales, c’est qu’au début du camp de pré saison, des activités, comme une soirée Karaoké en ville et une soirée bowling, ont lieu. Ce sont des soirées vraiment importantes pour l’équipe car on apprend tous à se connaître et à rigoler ensemble dès le début. Pendant la saison, comme j’étais le plus jeune, des joueurs m’ont dit qu’ils pensaient que j’étais leur petit frère, ce qui a été très marrant.
Impressionnant de lancer en relève au stade Canac ?
Alors là, oui, c’est différent de tout ce que j’ai vécu auparavant. J’ai eu la chance de relever trois fois au Stade Canac. Déjà le stade est incroyable. Jouer de nuit dans un stade pareil, c’est inoubliable. Les fans sont du début jusqu’à la fin derrière les Capitales pendant le match. Il y avait entre 2.500 et 5.000 personnes tous les soirs, mais l’ambiance nous fait penser qu’il y a 20.000 personnes autour de nous. J’ai eu la chance de relever les fins de matchs. Il y a une tradition au Stade Canac, c’est que quand on va en défense à la 9eme manche, la chanson « Sweet Caroline » joue et tout le stade chante la chanson. Je peux te dire que quand on est sur le monticule et qu’autant de monde chante cette chanson, ça donne des frissons.
Raconte nous comment tu as vécu ces moments quand tu étais sur la butte …
Au début, pour ma première sortie, quand j’ai couru vers la butte pour relever, je me sentais vraiment serein, comme pendant tout le camp et le début de saison. J’ai gardé mon sang froid tout au long de la saison, ce qui m’a permis de bien lancer (sauf au tout début de saison). Je savais qu’il fallait que je fasse confiance à mes catcheurs qui avaient tous beaucoup d’expérience. Je savais que je n’avais pas la fastball la plus rapide du tout, donc il fallait que j’exécute mes lancers le mieux possible pour déstabiliser les frappeurs. A aucun moment je n’ai eu peur, je savais que j’étais plus jeune, mais pour moi, sur le terrain l’âge ne veut rien dire, les mecs en face avaient deux bras, deux jambes comme moi.
Lancer au Stade Canac c’est très impressionnant. Dès que je faisais un bon lancer ou que je faisais un retrait, la foule était très bruyante. Il fallait que je reste concentré dans mon match et que j’utilise la foule pour m’aider à performer.
As-tu le sentiment d’avoir progressé ?
J’ai le sentiment d’avoir beaucoup progressé. Premièrement, j’ai pu me mesurer à des frappeurs professionnels de très haut-niveau tous les jours et avoir du succès contre eux. Cela m’a donné beaucoup plus confiance en moi pour la suite de ma carrière. Je ne suis pas resté très longtemps mais j’ai vécu ce que c’était le baseball professionnel à seulement 21 ans, ce qui me donne un gros plus pour la suite de ma carrière. De plus, j’ai touché 90mph plusieurs fois et je lançais beaucoup plus fort que la saison dernière.
Comment as-tu appris que tu étais coupé ?
J’ai appris que j’étais coupé après un match à domicile où j’ai lancé trois manches sans concéder de point. C’était juste avant de repartir jouer des matchs sur la route. C’était un peu comme quand j’ai appris que j’avais fait l’équipe, un coach est venu me chercher pour me dire que Patrick Scalabrini voulait me parler.
Que t’a dit Patrick Scalabrini ?
Patrick Scalabrini m’a dit que lui et Christian Chenard étaient contents de ce que j’avais montré depuis le début de la saison mais que c’était la fin. Il m’a annoncé que je ne continuerai pas la saison avec l’équipe cette année. Malgré la dure nouvelle, Il ne m’a dit que du positif, que mon parcours à 21 ans est déjà très bon et que j’ai dépassé les attentes qu’ils avaient de moi. Il m’a dit que du positif. De plus, il m’a déjà invité pour revenir l’année prochaine au camp de pré saison. Il m’a dit qu’il fallait que je lance, que je continue à travailler et qu’il fallait que je lance plus fort l’année prochaine. Il ne veut pas que je sois un lanceur de fond de bullpen pour une équipe, il m’a dit qu’il fallait que je vise un rôle important dans le bullpen ou un spot de lanceur partant. Il faut que je me donne tous les moyens possibles pour atteindre ces objectifs. Je ne peux qu’être content quand Patrick Scalabrini me donne autant de conseils et me dit que je suis en voie pour avoir une très belle carrière.
Pas trop déçu ?
Pour de vrai, je ne suis pas du tout déçu. Je suis juste triste que ça soit déjà fini. Mais je ne suis pas déçu, je ne regrette absolument rien. J’ai vécu une expérience de malade qui m’a donné goût au niveau professionnel. C’est un début professionnel pour moi qui me donne encore plus envie d’aller chercher le plus haut niveau. Mais je suis triste de ne plus être avec tous les boys à Québec.
Tu penses pouvoir signer à nouveau dans le futur ?
Oui, comme je te l’ai dit, j’ai déjà été invité pour l’année prochaine et je pense que mes chances seront bien meilleures l’année prochaine. C’est à moi de fournir le travail nécessaire pour rester toute une saison maintenant.
Tu rentres à Rouen avec ambition pour la saison ?
Oui mes ambitions maintenant sont de gagner le championnat D1 avec Rouen. J’ai toujours la même envie de gagner et je donnerai tout ce que j’ai pour aider Rouen à soulever le trophée à la fin de l’année.
Je tiens à remercier le club de Rouen pour avoir fait en sorte que ce camp de recrutement ait lieu. Et un énorme merci aux Capitales de Québec pour tout ce que j’ai vécu.