07 Nov 2003 – l’année du sacre
La saison à peine achevée, Patrice Plante annonce sa décision de repartir au Québec, pour des motifs personnels. Il faut lui retrouver un remplaçant, ou plutôt trois : un coach, un lanceur, un responsable du centre d’entraînement. Xavier Rolland ouvre son carnet d’adresse, active ses nombreux contacts outre-Atlantique.
Rapidement, un nom fait l’unanimité, celui de Christian Chénard, qui accepte de relever le défi. Il arrivera à Rouen en mars.Entre temps, l’hiver a été agité. Au niveau du recrutement, un ancien revient, Paul Antoine, un nouveau arrive, Brian Deler, pensionnaire de l’INSEP.
L’équipe II de Rouen accède au championnat de Nationale 1. Une dernière recrue rejoint les Huskies. Ayant constaté un certain manque de puissance offensive, Xavier Rolland met la main sur un des frappeurs les plus redoutés au Québec, Nicolas Matte.
Les Huskies se dotent aussi au cours de l’hiver d’un site Internet, qui deviendra vite la référence numéro 1 en France.
En mai, un nouvel homme fort débarque à Rouen. Il arrive de Montréal avec une belle expérience de coach. Sylvain Pruneau est embauché par le club pour travailler sur la formation. Avec lui et Mickael Cerda (autre salarié du club) à sa tête, l’équipe de Nationale Une va effectuer un superbe championnat, terminant sur une fiche de 15 victoires pour 13 défaites. La réserve des Huskies va même battre Melun-Sénart (1 fois) et la Guerche (2 fois), les deux futurs finalistes !
Challenge de France
Place alors au challenge de France, nouvelle (et excellente) formule, quatre matches sur quatre jours à Pessac et Saint-Aubin-du-Médoc. Après deux victoires faciles contre La Guerche (19-1) et Cherbourg (15-1), les rouennais défont Montpellier 5-0 en ½ finale. Une énorme performance de Christian Chénard au monticule, et un peu de tension entre les deux équipes, les Huskies montrant là aussi leur esprit d’équipe et leur volonté de ne se laisser impressionner par personne. Rouen – Savigny, c’est l’affiche de la finale. Il manque Roy du côté rouennais, Proust chez les Lions. Deux jeunes lanceurs sont face à face : Brian Deler et Marc Rousseau. Les rouennais mènent 2-0 après 4 manches, mais Savigny grignote son retard, et s’impose finalement 4-2. La route du retour sera longue !
Coupe d’Europe
L’équipe enchaîne ensuite avec la Coupe d’Europe (la première du club), avec notamment la venue d’André Tremblay, renfort de choix pour le monticule rouennais. C’est le départ pour Barcelone, l’arrivée dans un superbe hôtel, et la découverte du plus haut niveau européen. San Boi, l’équipe locale, emmenée par un joueur d’exception, Xavier Civit, s’impose 7-1. Le score est sévère, et ne reflète pas tout à fait l’écart entre les deux formations. Les rouennais ont semblé un peu nerveux avant l’évènement, la blessure de Yann Monnet, arcade sourcilière ouverte par un lancer pendant l’échauffement, en témoigne.
Le lendemain, victoire 13-1 face aux croates de Varazdin. Tout est possible face aux hollandais de Haarlem. André Tremblay est magnifique au pitching, la défense batave est un mur sur lequel l’attaque rouennais rebondit : c’est 0-0 après 5 manches ½. Deux retraits, frappeurs en 2 et en 3, on donne un BBI au dangereux Alman, auteur d’un grand chelem la veille contre San Boi. Les hollandais sortent un frappeur suppléant, Gronendal, qui frappe une flèche dans la droite. Boris Rothermundt sprinte, plonge, attrape la balle du bout du gant, mais ne peut la contrôler, et 3 points viennent marquer. Les hollandais en ajouteront 4 autres pour un score là encore trop sévère. Rouen sauve l’essentiel (une place dans le groupe A) en battant 7-2 les autrichiens de Hard Bull. Dernier objectif, terminer avec une 5ème place et une fiche victorieuse. Mais il faut battre les très expérimentés allemands de Regensburg. Les allemands marquent dès la première manche. Rouen réplique aussitôt, et prend les devants en 2ème. Regensburg égalise en 6ème, le score reste de 2-2 après 9 manches, grâce d’une part à un match superbe de Boris Rothermundt au monticule, d’autre part à quelques mauvaises courses des rouennais, qui avaient la victoire à leur portée. Il ne se marque pas de points en 10ème, ni en 11ème. (ah, ce double jeu sur une flèche de Baptise Polidor et le retrait au marbre de Boris Marche). Le ciel tombe sur la tête des rouennais en 12ème. Après deux retraits, une erreur d’André Tremblay au 3ème but ouvre les vannes. Regensburg marque 5 points, Brian Deler ne parvenant pas à stopper l’attaque allemande. Mais Rouen a le moral cette année. La réplique vient : 4 points sont marqués, deux coureurs sur les buts, deux retraits, Christian Chénard au bâton, compte plein, le lancer semble bas à l’extérieur, mais l’arbitre appelle une 3ème prise qui met fin à la remontée rouennaise. Les Huskies terminent 6ème de leur première sortie européenne, sans avoir à en rougir.
Championnat de France
En championnat, un partage contre Montpellier assure pour la deuxième année consécutive une première place en saison régulière. Place aux play-offs, et à la venue du PUC, pour la première fois au complet. Rouen a peur, se souvenant de la déception de l’année précédente. Les deux premiers points donnés sur une erreur de Kenji Hagiwara (qui fut par la suite éblouissant tout au long des phases finales) montrent la fébrilité rouennaise. Les bâtons rouennais vont parler, et le score monter à 13-6. Le dimanche matin, Rouen pense tenir sa place en finale. 4-3, on est en 9ème manche, deux retraits, mais le PUC sort deux coups-sûrs décisifs pour s’imposer 5-4 . On repense de plus en plus à la demi-finale de 2002. La première manche du match décisif fait totalement oublier ce souvenir. Giovanni Ouin est au monticule.\r\n\r\nIl retire sur trois prises Garcia, Dussart et Fessy. Et l’attaque rouennaise assomme complètement Nicolas Dubaut. Nicolas Matte frappe un retentissant coup de circuit de 3 points, Boris Marche en produit un autre après le double de Robin Roy. 4-0, puis 6-0 en 3ème. Le PUC tente de remonter, mais Rouen réplique à chaque fois, et finit par s’imposer 16-6, pour retrouver en finale Savigny, vainqueur 2 victoires à 1 de Toulouse.\r\n\r\nC’est la finale dont les rouennais rêvaient, et qui oppose les deux meilleures équipes françaises depuis deux saisons. Le premier match est à l’avantage de Savigny, qui mène 3-2 (2ème manche), 5-4 (6ème manche), 7-5 (8ème manche). Mais Rouen a démontré plusieurs fois cette saison qu’il savait désormais revenir de l’arrière. Un 6ème point est marqué par Joris Fillatre en 8ème. En 9ème manche, on a pourtant du mal à y croire. Deux retraits, un coureur en 2, Flavien Peron au bâton. Il frappe un simple décisif, se rend en 3 sur une erreur de la défense, et marque sur un coup-sûr au champ intérieur de Joris Fillatre. Christian Chénard, qui a pourtant 150 lancers dans le bras, se charge du reste, retrouve un peu de mordant, et retire Lemestre, Rousseau et Proust dans l’ordre.
C’est le moment que le destin choisit pour frapper avec une infinie cruauté. Alors que l’ambiance est au beau fixe (mission accomplie, 1 victoire, et Robin Roy au monticule le lendemain), Xavier Rolland apprend que son père Pierre vient d’être victime d’une rupture d’anévrisme, et lutte contre la mort. Pierre Rolland, un homme indispensable dans les premières heures du club, qui fut tout à la fois, dirigeant, arbitre, formateur, scoreur, qui surtout porta le club à bout de bras et de courage lors des années noires, au milieu des années 90, alors que tout aurait pu s’arrêter, frappé dans sa chair alors que le club, son club, touchait au but… Pour lui, pour sa famille, les rouennais vont sortit un superbe match le lendemain, dans la foulée d’un Robin Roy des grands jours, et s’imposer 5-3.Deux victoires à 0, un moral d’acier, une confiance inébranlable, les rouennais veulent conclure le samedi suivant.
Vendredi, la terrible nouvelle tombe, Pierre Rolland est décédé. Comment décrire le sentiment de joie d’être à 27 retraits d’un titre, et de tristesse devant cette nouvelle, qui touche toutes les personnes proches du club. Le sport continue cependant. Devant un public sensationnel, les rouennais dominent sans trembler, et s’imposent 4-0.
Boris Marche est le meilleur frappeur de la finale, Robin Roy, qui d’autre, est meilleur lanceur et MVP. La fête commence, et le désormais traditionnel « on est les champions » résonne longtemps dans la nuit rouennaise.
LA FINALE 2003 VUE PAR… ROBIN ROY
Robin Roy avait affiché de stats incroyables lors de cette finale. Record de K sur un match de Rouen en finale. C’était lors du match 3, décisif, face à Savigny avec12 K. Avec 0.00 de ERA sur l’ensemble de la finale et un total de 20K. Et même si Robin en a gagné d’autres, comme joueur ou comme manager, ce titre 2003 revêt un caractère très particulier.
« C’est la finale la plus émotionnelle. C’est le premier titre du Club. Je suis arrivé en France en 1991 pour cela. Faire de Rouen un club champion. Il a fallu 12 années de travail, de frustrations des fois, mais beaucoup d’acharnement et de bons moments avec un groupe de passionnés pour finalement conquérir ce titre et commencer à s’attaquer à l’Europe. Emotionnelle aussi, car nous avons perdu avant le match gagnant Pierre Rolland, un grand homme qui travaillait dans l’ombre tous les jours pour le club. Le père aussi de Xavier, et Pierre Yves, grands amis de mon arrivée ici. Je me souviens avoir dit à Xavier juste avant le match que pour son père, personne ne croiserait le marbre ce jour là. Un seul seulement, il me semble a touché la deuxième base. Je me souviens penser durant le match à Pierre qui nous regardait de là-haut haut et luit dire à l’occasion « regardes bien celle là !, Tu as vu ça ? » Cette victoire fut un grand moment d’émotion. Les Huskies étaient en route… «