2006 – La domination se confirme

22 octobre 2006. Zone des Argoulets à Toulouse. Fin de l’après-midi. La grosse caisse rouge et noir a fini de résonner. Les 400 spectateurs se sont tous tus, à l’exception d’une poignée de rouennais, hilares et euphoriques. Depuis un peu plus de deux heures, la finale du championnat de France appartient à un homme, Robin Roy. Il livre son ultime démonstration, qui n’est pas la moins belle de sa longue et prestigieuse carrière. Les toulousains d’Antoine Alran et Jeff Zeilstra défilent les uns après les autres à la plaque, impuissants. Un dernier roulant, un dernier jeu superbe de Yann Monnet, et les Huskies mettent un terme en beauté à l’une des plus belles saisons de leur histoire. Comme toujours, elle avait commencé un an auparavant, au lendemain de la finale remportée face à Savigny. Et comme souvent, les rouennais avaient du reconstruire à l’intersaison. Boris Rothermundt prenait seul le poste de coach. Deux étrangers étaient recrutés, les petits hawaïens Cy Donald et Royce Fukuroku, venus de l’université de San-Diego tourner une cinquantaine de double-jeu tout au long de la saison. La carte jeune était aussi de mise avec l’arrivée des prometteurs David Gauthier et Joris Bert. Et les objectifs étaient les mêmes : tout gagner.

Challenge de France

Première étape, et pas des moindres, le Challenge de France, organisé pour la première fois en terre normande, à Rouen et Bois-Guillaume. Sportivement, les Huskies allaient subir un vilain contrecoup en se faisant largement dominer sous la pluie dès le premier jour par Montpellier 3-8. On saura quelques jours plus tard que rien ne pouvait arriver à ces Barracudas, superbes vainqueurs face à Savigny de l’épreuve. Cette défaite, insuffisamment compensée par une victoire 9-8 contre Toulouse privait les rouennais d’une qualification en demi-finale. Mais sur le plan de l’organisation, les Huskies allaient de nouveau prendre quelques longueurs d’avance sur la concurrence en retransmettant pour la première fois des matches en direct sur Internet, grâce au travail de Webaxys, entreprise de TIC créée par Emmanuel Assié, de longue date un ami du club, avec les concours techniques de France Telecom pour le signal et MTCA pour le matériel de diffusion. Cinq caméras, des commentaires live de Simon Colboc, et des records de connexion. Un immense succès médiatique pour Rouen, et une vraie reconnaissance de la part de l’ensemble du baseball français.Cette compétition marquait aussi le retour à la compétition de Robin Roy. 2004 sans jouer, 2005 comme coach, le King avait quelques démangeaisons dans le bras droit, d’autant que le départ pour les Etats-Unis de Philippe Lecourieux et la blessure au coude de Giovanni Ouin réduisait comme peau de chagrin la rotation rouennaise. Robin Roy, comme à son habitude, allait prendre son come-back le plus au sérieux possible, montant en puissance jusqu’à l’apogée des play-offs.

Coupe d’Europe

Après ce challenge au goût doux-amer, Rouen retrouvait la coupe d’Europe des champions B, dans le cadre fort agréable d’Anvers. Un peu plus relevée que l’édition 2003, cette épreuve fut survolée par les rouennais. Tout le monde attendait une finale entre le club local et les Huskies, mais les suédois de Leksand créaient la surprise en demi-finale. Rouen s’imposait 14-5 en finale.

Championnat de france

En championnat, c’est un superbe mano à mano qui s’installait entre Huskies et Stade Toulousain en tête du classement. Les deux équipes se rendaient coup pour coup. Ainsi à Saint-Exupery, quand Rouen donnait une démonstration un samedi en dominant 11-4 les stadistes, le lendemain le grand Maxime Leblanc étouffait l’attaque normande dans un succès 8-1. Le lanceur toulousain allait donner tout au long de la saison la migraine aux rouennais. Dans ce bras de fer, Rouen s’offrait quelques moments d’exception, et notamment à Sénart, une des valeurs montantes de l’Elite. David Gauthier s’offrait ainsi une performance de 4HR et 13 RBI en un week-end. Historique ! Très logiquement, Toulouse et Rouen finissaient ex-aequo en tête du championnat, Rouen remportant un ultime match décisif contre Sénart sur un… home-run en 11ème de David Gauthier. C’est à mi-chemin des deux villes, à Clermont-Ferrand, que la suprématie sur la saison régulière allait se trancher. Maxime Leblanc contre Philippe Lecourieux (revenu de son collège américain), le spectacle allait être royal. Rouen marquait dès la première manche sur un double de Fukuroku envoyant Donald au marbre. Le score en restait là jusqu’à la 8ème manche. Roy entrait en relève, mais concédait l’égalité. Il fallait aller en prolongation, tranchées en 13ème manche par le cinquième simple de la journée de l’américain Reynolds. A son retour en attaque, Rouen se retrouvait avec un coureur en 3 et 1 et un retrait. Fukuroku frappait un faible ballon au champ centre droit, saisi de volée par Rougé pour le 2ème retrait. Puis le relai arrivait à temps pour couper le rapide Joris Bert et mettre fin à un match qui restera longtemps dans les mémoires.Rouen retrouve donc Toulouse et les caméras d’internet pour la finale. Dans le premier match, les stadistes sautent sur les lancers de Keino Perez, et mènent 5-0 après deux manches. C’est bien plus qu’il n’en faut pour Maxime Leblanc, qui malgré une petite défaillance en 3ème manche (3 points concédés), contrôlera l’attaque des Huskies. Toulouse gagne 9-3. Rouen réagit dès le début du match numéro 2. C’est 4-0, mais une double avec les buts remplis de Jamel Boutagra puis un roulant de Fred Hanvi remettent les pendules à l’heure. Toulouse accélère et mène 6-4 après 4 manches. Le vent est-il en train de tourner ? Les Huskies ont deux coureur en base, et deux retraits. Les coachs décident de faire rentrer Gaspard Fessy, qui, avec un compte de 1-2, frappe une flèche dans la droite. Reynolds plonge, rate la balle, c’est un triple de deux points, puis un simple de Donald permettra aux Huskies de prendre les devants, et de ne plus rien lâcher, avec une victoire 9-6 sauvegardée par Robin Roy. La finale se déplace à Toulouse. Dans le troisième match, Max Leblanc vient de nouveau hanter les bâtons rouennais. Toulouse n’est jamais inquiété et prends les devants dans la finale (6-2). Rouen est dos au mur. Il faut gagner deux fois ou dire adieu à cette grosse coupe jaune qu’on aimait tant voir dans le bureau de la Grand-Mare. Yann Monnet ronge son frein. Le capitaine rouennais va mettre un terme à sa carrière. Il part vivre et travailler à Oxford. Après huit ans de très bons et très loyaux services, il ne veut en rester là. Après le repas du soir, il réunit les joueurs, et en quelques phrases bien senties, leur explique que tout est encore gagnable, si Rouen retrouve ses esprits.Le lendemain au petit-déjeuner, l’ambiance est décontractée, les rires fusent, les Huskies sont de retour, avec une grande confiance dans leur potentiel. Le match 4 est tendu. Rouen prend les devants, mais les deux équipes laissent passer des occasions. Au bout du compte, les deux formations laisseront chacune 13 coureurs sur les buts. C’est le pitching toulousain qui craque le premier. Samuel Meurant est à bout de souffle en 8ème manche, et la relève de Conduzorgues n’est pas efficace. Rouen marque 4 points, mène 7-1, et Roy vient fermer la porte. C’est le cinquième match. Boris Marche masse longuement l’épaule du numéro 21, concentré à l’extrême. Sa performance sera inouïe. Un blanchissage de trois hits (dont un seul au champ extérieur), 9K, 1 BB). Rouen marquera deux fois en première manche. Zeilstra donne la balle à Cazanobes. 8 lancers, 8 balles. Le coach appelle aussitôt Reynolds, mais le mal est fait, et les deux points viendront marquer. Rouen rajoutera un 3ème point important en 5ème manche sur une frappe de Peron, puis clouera le cercueil de Toulouse en 8ème (erreur faisant marquer Fessy) et en 9ème (ballon sacrifice de Donald). Roy sera élu MVP, comme en 2003, un an après avoir été le coach de l’équipe championne de France.

LA FINALE 2006 VUE PAR… ROBIN ROY

Face à Toulouse, l’affaire était compliquée. Zeilstra comme manager, des lanceurs comme Samuel Meurant, Maxime Leblanc.. Des frappeurs comme Randy Perez (le frère de Kieno qui rejoindra ensuite les Huskies), l’américain Reynolds, les Français Jamel Boutgara, Fred Hanvi, Fred Rougé… Toulouse, c’était costaud. D’autant que Rouen était mené 2 à 1. Le samedi soir à Toulouse restera inoubliable pour toutes les personnes présentes. A l’hôtel, le Capitaine Yann Monnet avait demandé un huis-clos. Sans dirigeants. Une explication musclée entre joueurs. La suite ? Deux victoires le dimanche en terre toulousaine. Et Robin Roy, encore lui, a été l’un des acteurs majeurs de ce titre 2006. Il détient lors du dernier match décisif (le 5me) le record du plus fable nombre de hits sur un match de finale. 3 ! Et sur l’ensemble de la série, il avait affiché un insolent 0.00 d’ERA. Il se souvient.

Robin Roy, MVP finale 2006

« Ce n’était pas une finale simple car nous tirions de l’arrière et il fallait gagner les deux derniers. Chez eux en plus. On a eu une bonne discussion la veille avec le Capitaine Monnet qui a remotivé les troupes. Finalement, on remporte le 4eme match et on me confie la balle pour le 5eme, décisif. C’est le genre de matches que j’adore. Malgré le fait que je suis sur un comeback après une semi-retraite, je sais que je vais hausser mon niveau et être là pour le groupe. A part les trois hits, une seule balle est sortie de l’avant champ. On sort vainqueur de Toulouse qui visait le titre après un gros recrutement, notamment le coach canadien Zeilstra. Je me souviens particulièrement que Gin Bats (une grande dame) arbitrait et était postée en deuxième base. Elle était venue me voir après le match pour me remercier de lui avoir permis d’être témoin privilégié de cette performance. C’était un joli et élégant geste de sa part.Le souvenir que je garde de cette finale, c’est celui de faire de mon mieux et de communiquer cette envie de gagner, de hausser son niveau quand cela compte. C’est la marque des champions. Je me souviens du coach Zeilstra de Toulouse qui a regardé le match de la 3eme base, les bras croisés. Savoir qu’il ne serait pas utile ce jour-là me motivait encore plus ! Je me souviens aussi de cette soirée d’avant match avec Francois « le Colonel » Colombier. Il a fait partie de mes rituels d’avant match. Et puis, je n’oublie pas la joie de ce nouveau titre avec la meute »



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