08 Nov 2015 – Le retour des patrons
Perdre un titre, cela peut se concevoir, mais il ne faut pas que cela devienne une habitude. Il n’est jamais très bon de laisser la concurrence croire qu’elle a pris le pouvoir. Les rugbymen ont une belle expression pour cela : « remettre l’église au milieu du village ». A la mode baseball, cela pourrait être « remettre le monticule au milieu du terrain ». Pour les Huskies, ce retour à l’ordre naturel des choses est passé comme une tornade sur le baseball français.
Une saison régulière de 27 victoires et une seule défaite, avec une participation récitée à la perfection par l’ensemble de la Meute. Et quand on parle de perfection, on se souviendra longtemps du 26 avril, à Chartres, quand Owen Ozanich élimina un à un, dans l’ordre, les 27 frappeurs qui lui ont fait face pour signer l’exploit ultime, un match parfait. Les statisticiens du baseball français n’ont pas le souvenir qu’une telle performance ait déjà été réalisée chez nous. La première marche de la reconquête fut le challenge de France, remporté en finale contre le vieil ennemi sénartais, avec au monticule pour démarrer le match Keino Perez, qui quittait le temps de quelques manches son habit de manager pour revêtir celui de lanceur. Après 4 solides manches, il cédait la balle à Jeffrey MacKenzie, une des dernières trouvailles des Huskies, au niveau des plus grands lanceurs rouennais, et il y en eût quelques-uns.
Une fois le challenge en poche, Rouen s’est concentré sur la conquête du titre. Si la saison régulière fut une formalité, les play-offs furent plus compliqués.
Premier adversaire, le PUC. Trois victoires rouennaises, mais sans le relief et la consistance de celles de la saison régulière. Comme si la Meute devenait un peu nerveuse à l’idée de retrouver son bien. Puis, en finale, les Barracudas, ce qui n’est jamais une tâche facile. Le sentiment que Rouen ne marchait pas à fond s’est fait ressentir dès le premier match, puisque si semblait jusqu’alors impossible, voir MacKenzie perdre un match, s’est produit sous le chaud soleil de Veyrassi. Rouen déjà perdu le 1er match d’une finale, et donc les Huskies ont dormi tranquille, mais il a fallu un immense Ozanich pour revenir du long déplacement dans le sud avec un score de parité. Devant une foule record, les Huskies ont ensuite remporté les deux matches suivants, mais non sans trembler jusqu’au dernier retrait. « Ce fut une des finales les plus dures », soupirait Boris Marche, qui en a vécu quelques-unes, et dont les yeux rougis témoignaient d’une émotion toute particulière, puisque, on l’apprendra un peu plus tard, le Capitaine jouait là son dernier match. Rouen avait donc signé un nouveau doublé challenge – championnat, qui se transformait même en triplé avec la belle aventure de l’équipe de N1 de Mickaël Cerda, heureuse alchimie entre des jeunes prometteurs et de vieux guerriers rompus aux joutes européennes.
Après un début de saison brinqueballant, la machine se mit à tourner à plein régime, se qualifiant pour les play-offs dans un sprint échevelé, puis balayant tout sur son passage : 6 matches (tous à l’extérieur, à Sénart, Saint-Lô puis Saint-Just-Saint-Rambert) pour autant de victoires et une nouvelle coupe à ranger dans les armoires aux trophées du club.
Une belle saison, donc, que les supporters ont pu suivre sur la dernière nouveauté d’un club jamais en retard en matière de communication, une application pour smartphone permettant de suivre les matches en direct et de les commenter. Une année qui vit aussi l’arrivée d’un petit nouveau, un nouveau logo, plus carnassiers, plus musclé, plus dynamique que ses prédécesseurs.
LA FINALE 2015 VUE PAR… LES JOUEURS
Les Huskies, ce n’est pas une équipe comme les autres. Oscar Combes
All Sports café. Rouen. Les Huskies fêtent ce 11ème sacre de champions de France. Et savourent. L’occasion de recueillir leurs réactions.
Un jeu, une image, que vous retiendrez de cet titre et de cette finale ?
Oscar Combes : La performance de Bastien (Dagneau) lors des matchs 3 et 4. Dès l’échauffement, samedi, on sentait qu’il allait être décisif au bâton. Il frappait avec beaucoup de puissance et de confiance, et c’est difficile de battre un frappeur comme ca à ce moment là, on a beau tout essayer, il trouvera toujours un moyen de vous battre. Ce genre de performance est très rare, et cela est arrivé au meilleur des moments pour nous.
Maxime Lefevre : Le dernier jeu. Strike out sur le dernier pitch de Jeffrey (McKenzie). Boris (Marche) qui saute dans les airs, c’est gagné ! La récompense d’une très belle saison réussie par un groupe incroyable.
Le dernier jeu. Strike out sur le dernier pitch de Jeffrey (McKenzie). Boris (Marche) qui saute dans les airs, c’est gagné ! Maxime Lefevre
Yoann Vaugelade : Le homerun de Bastien (Dagneau) lors du match 3 est l’image que je garde de cette finale. Il a fait une super saison au bâton et le homerun en finale devant toutes les personnes présente est une belle récompense de son travail.
Dylan Gleeson : La finale a été dure. Tous les matchs ont été éprouvants… Cela explique cette explosion de joie quand le dernier retrait a été fait. Cela rend la victoire d’autant plus magique.
Owen Ozanich : Pour moi, c’est après le dernier match, notre discussion en groupe, quand Boris (Marche), capitaine de Rouen et de l’Equipe de France, nous dit qu’il va s’arrêter là, après son 12eme titre. Quel modèle d’excellence.
Pierre-Yves Rolland (Trésorier) : Sans hésiter le dernier lancer de Jeff (McKenzie), l’appel de l’arbitre et la joie intense des joueurs qui s’en est suivie.
La finale s’est elle déroulée comme vous l’imaginiez ?
Oscar Combes : oui, compte tenu de notre saison, la finale s’est déroulée comme prévu. Après un faux départ au match 1, on a géré nos matchs du début à la fin, comme en saison ou lors du Challenge, sans paniquer, en restant soudés. Les finales, on sait les jouer, à aucun moment, j’ai douté, et pour être honnête, jouer un match 5 ne m’aurait absolument pas déplu!
Yoann Vaugelade : On savait que ça allait être disputé contre Montpellier. Forcément. Ils ne lâchent rien. Mais cette année, on avait vraiment une grosse équipe. J’étais vraiment confiant.
Owen Ozanich : Oui, nous avons bien joué globalement, nos leaders étaient présents, ce n’était pas aussi facile que la saison régulière, mais on s’y attendait.
Keino Perez : Oui, cela a été une finale serrée et intense. Je n’avais pas envisagé autant d’erreurs en défense, mais bon ! Je savais que pour gagner, il fallait jouer comme lors des précédentes finales victorieuses, comme une équipe, tous prêts à jouer leur rôle…
En plus, on se dit forcément que ce n’est pas possible de gagner 11 titres en 11 finales d’un coté, et en perdre 10 de suite de l’autre – Pierre-Yves Rolland
Pierre-Yves Rolland : Oui. Je savais que ce serait compliqué. Montpellier est une équipe qui compte beaucoup de très bons joueurs dans ses rangs, qui est bien coachée et qui ne lâche jamais rien. Par ailleurs, je les savais très revanchards par rapport à la finale de 2011. En plus, on se dit forcément que ce n’est pas possible de gagner 11 titres en 11 finales d’un coté, et en perdre 10 de suite de l’autre (Montpelier a remporté le championnat en 1993, 1994 et 1995, mais a, depuis perdu 10 finales de championnat). On se dit que la roue va forcément tourner.
11 finales, 11 victoires. Qu’est ce que cela vous inspire ?
Oscar Combes : c’est la culture de la gagne ! Les Huskies, ce n’est pas une équipe comme les autres. Beaucoup de monde voudrait notre secret, mais il n’y en a pas. A Rouen, on joue le baseball de la bonne façon, et on se transmet ces valeurs de la gagne, de génération en génération. Les anciens sont une grande inspiration pour les nouveaux. Ma première finale était en 2010, j’avais 17 ans, et mon joueur préféré était Kenji (Hagiwara), et aujourd’hui, je lui ai pris son champ centre ! C’est une très grande fierté et une bonne récompense!
Maxime Lefevre : 11 finales, 11 victoires, cela démontre un savoir-faire, qui passe par une grosse préparation. Un groupe qui possède une excellente éthique de travail, qui croit en ses jeunes talents, qui s’appuie sur l’expérience des anciens. Une homogénéité qui fonctionne à merveille. Un encadrement et des dirigeants qui font tout pour voir leurs joueurs réussir.
Yoann Vaugelade : Ca montre bien la mentalité et la qualité du club de Rouen. On est là pour gagner et c’est ce que les anciens nous transmettent très bien lorsque tu arrives dans l’équipe.
Tous sports confondus, je ne connais pas une seule équipe qui a fait cela – Keino Perez
Keino Perez : Huauuu, c’est vrai que c’est une stat assez incroyable. Tous sports confondus, je ne connais pas une seule équipe qui a fait cela. Il y a quelque chose de spécial chez les Huskies. Chaque finale a été différente mais à chaque fois, on a su trouver le chemin qui mène à la victoire. C’est vraiment spécial.
Dylan Gleeson : La culture de la gagne est gravée dans le nom des Huskies et tout ceux qui rejoignent la meute sont directement influencés par cette envie commune de gagner et de ne pas avoir de pitié.
Owen Ozanich : Une fois en finale, il ne reste plus que quelques matchs à gagner, et quand on bosse toute l’année pour cela, on donne tout pour y arriver.
Pierre-Yves Rolland : C’est simplement énorme. Ces derniers jours, j’ai beaucoup de commentaires de personnes au travail me disant que c’est trop facile. Je leur réponds qu’ils se trompent, qu’il n’y en a jamais eu de facile et en particulier ce 11ème titre. J’ajoute que c’est un chiffre que j’aime assez bien puisque c’était mon numéro lorsque je jouais.