08 Nov 2022 – Le triplé de Boris Marche
L’année 2022 sera marquée du sceau Boris Marche. L’ancien catcher des Huskies sort de sa retraite pour prendre en main l’équipe et assurer la difficile succession de la légende Keino Perez. Il va tout gagner.
L’histoire commence à la sortie de l’hiver 2021. Keino Perez, le manager rouennais, demande à rencontrer son Président Pierre-Yves Rolland. Sa décision est prise. Il va quitter les Huskies pour accepter l’offre de la fédération française de baseball de rejoindre le staff du pôle France à Toulouse. Après 15 riches années rouennaises, le plus français des vénézuéliens veut vivre un nouveau challenge.
Les dirigeants réfléchissent au profil de son successeur. Un nom fait l’unanimité rapidement. Celui de Boris Marche, une autre légende du club. Le catcher rouennais a pris sa retraite et s’occupe de son cabinet de kinésithérapie. Mais la passion est toujours là. Il accepte le challenge et affiche rapidement ses ambitions et son style. « Je veux que notre image soit à la fois celle d’une équipe déterminée à gagner, sûre d’elle mais avec classe et respect du jeu et de l’adversaire ». Les anciens managers des Huskies eux applaudissent. François Colombier. « C’est un leader naturel, je n’ai aucun doute sur sa capacité à prolonger les victoires des Huskies. Gérer les émotions, gérer la pression, ce n’est pas simple quand on est manager de Rouen, je sais que Boris va y arriver, mais c’est sûrement le plus grand défi qu’il aura à relever. Rouen est la plus grande équipe de l’Histoire du baseball français, Boris est l’un des plus grands joueurs et des plus riches palmarès de l’histoire du baseball français. Le mariage devrait bien fonctionner ». Même enthousiasme au Canada. Christian Chénard valide le choix de son ancien receveur. « Il a toutes les qualités pour diriger cette grande dynastie. Ses grandes qualités aideront dans ses nouvelles fonctions et il va continuer à faire grandir les Huskies. »
Boris lui ne cache pas son émotion avant de vivre son premier match sur le banc en tant que 14ème manager de Rouen. « Coacher les Huskies, c’est un honneur, un privilège et une grande responsabilité ».
En 2022, les Huskies sont engagés dans trois compétitions. Challenge de France, Confédération cup, Championnat de France. Et tradition rouennaise oblige, l’objectif affiché est de tout gagner.
Fin mai, les huit meilleures équipes françaises se retrouvent à Chartres pour le Challenge. Le moyen d’accès le plus rapide vers l’Europe, le vainqueur décrochant l’un des deux billets français pour les compétitions continentales. Un premier gros test dans la saison.
Rouen balaie Metz (14/1) mais souffre (déjà) face aux Lions de Savigny. Il faudra les prolongations pour départager les deux formations, à l’avantage de Rouen (7/6). Rouen a souffert et va encore souffrir en demi face à Sénart. Un excellent Yaferson Lopez va contenir la puissante attaque des Templiers en n’accordant que 4 hits en 9 manches lancées. (5BB, 12K). Rouen s’impose 2/1 en scorant deux fois en 3ème manche grâce à un double de Blondel.
En finale, Rouen retrouve Savigny, vainqueur de Montpellier en demi. Les Lions n’ont plus la force de rugir. Rouen s’impose facilement 11 à 2 avec quatre hits de Louis Brainville.
Boris Marche, le jeune manager, peut déjà soulever son premier trophée. Un billet pour la Coupe d’Europe 2023 est aussi acquis.
Pendant que Rouen remporte des succès sur le terrain, des dirigeants travaillent d’arrache-pied pour mettre en place la télévision des baseballeurs rouennais. La Huskies TV est née. Les matchs à Rouen seront désormais diffusés sur le numérique.
Rouen fait une annonce forte. La signature de Todd Van Steensel. Membre de l’équipe nationale d’Australie avec laquelle il a participé à la WBC, la Coupe du Monde, Todd Van Steensel a évolué dans l’Australian Baseball League (ABL) avec les Sydney Blue Sox, et a joué plusieurs saisons aux Etats-Unis pour les Philadelphia Phillies puis les Minnesota Twins… En 2018/2019, il a même été nommé meilleur releveur du championnat alors qu’il évoluait en AA pour les Chattanooga Lookouts.
La saison précédente, il avait rejoint le championnat du Mexique avec les Mariachis de Guadalajara. Alors qu’il devait évoluer aux USA pour les Lake Country Dockhounds, un problème de visa l’a empêché de rejoindre le continent nord-américain. Pour le bonheur de Rouen qui a su le convaincre de découvrir un nouveau championnat. iI sera décisif lors des matchs clés de fin de saison.
8 juin. Rouen fait la fête du baseball. Huit équipes s’installent sur les rives de la Seine pour disputer la Confédération Cup. Cinq jours d’ambiance festive terrain Pierre Rolland, avec en centre ville, une magnifique exposition dans les jardins de l’Hôtel de ville de photos des Huskies signées Glenn Gervot.
Mais Boris Marche n’a pas l’esprit à la fête. Elle ne sera belle qu’en cas de victoire finale.
Rouen entre doucement dans la compétition en battant Vienne 9/4, puis Anvers (Hoboken Pioneers) 10/2. En demi finale, c’est une vieille connaissance qui attend la meute. Les Barracudas de Montpellier. Un match à sens unique, dans un stade copieusement garni. Derrière Yaferson Lopez, toujours dominant, les Huskies creusent régulièrement l’écart pour mener 7/1 en 9ème et dernière manche. Mais un match de baseball n’est jamais terminé. But sur balles, simple, triple, simple…. Lopez se fait cogner. Vaugelade entre en relève. Double, simple ! Les points défilent. Le score est de 7/6 avec deux retraits et Soriano en première base. Zan, un frappeur dangereux est au marbre. Prioul vient éteindre l’incendie. Strike out. Rouen est en finale.
Surprise. Les Rouennais s’attendaient à affronter les Marlins de Tenerife, le favori de la compétition. Mais les Espagnols se font surprendre par une étonnante équipe d’Anvers (4/2). La finale opposera donc Rouen à Anvers, les Huskies aux Pioneers, dans un stade plein à craquer.
Deux sur deux. Challenge de France, Coupe d’Europe… L’armoire de trophées déborde encore un peu plus. Reste l’objectif numéro 1. Un 17ème titre de champion de France à remporter. Les Huskies terminent deuxième de leur poule (derrière Savigny) et ne se facilitent pas la tâche en retrouvant le premier de l’autre poule, Montpellier. Des Barracudas revanchards, eux qui rêvaient de réaliser le triplé cette saison et qui n’ont pas encore vu de finale.
Nous sommes mi juin et les Huskies de Boris Marche ont déjà décroché deux titres. Mais aucun trophée n’a été simple à gagner. Ce sera également le cas pour le troisième objectif, le championnat.
Les deux premières rencontres sont programmées à Rouen. Devant leurs fans, les Huskies veulent prendre une grosse option avant de se déplacer dans le sud.
Le premier match est un duel de lanceurs vénézuéliens, tous deux dominants. Lopez (Rouen) vs Canelon (Montpellier). En milieu de 8ème manche, le score est toujours vierge. 0 à 0. Les Huskies vont débloquer la situation. Un simple de Brainville, qui marque sur un triple de Dagneau (qui marque ensuite sur un wild pitch). Rouen a fait la différence. Prioul, qui a relevé Lopez en début de 8ème est intraitable. En 9ème manche, il retire dans l’ordre les trois frappeurs des Barracudas. Rouen s’impose 2/0 et mène dans sa série.
Le match 2 va offrir un scénario totalement irréel. Montpellier, battu par Rouen en demi finale en 2021, battu par Rouen en demi finale de la Coupe d’Europe, veut renverser les pronostics. Les frappeurs montpelliérains martyrisent les lancers de Moulin, de Prioul, de Van Steensel, de Mercadier… Le jeune Mathis Nayral est intouchable. En 7.1 manches, il n’a laissé la poste ouvert à qu’à trois rouennais (deux hits et un BB). En début de 8ème, il est remplacé par le Japonais Sugiura. Montpellier mène 8/0. Le match est plié. Mais la tempête normande va s’abattre sur les Barracudas, pris de panique. La neuvième manche débute avec un retard de huit points toujours pour Rouen. Que s’est il passé dans la tête des lanceurs des Barracudas, incapables de lancer des strikes. Rouen va réaliser la plus incroyable remontada du baseball français, en play offs ! Neuf buts sur balles, quatre wild pitches, une erreur et un double de Joris Bert pour nettoyer les bases… Rouen marque point après point et égalise avec les buts remplis. Mais Brainville va frapper un long fly pour le troisième retrait. On va donc jouer des prolongations. Inespéré pour Rouen.
Dans la 10ème manche, Montpellier marque deux points. Cette fois, c’est bon ? Non, Rouen score aussi deux fois avec à nouveau trois buts sur balles. En 11ème, Montpellier marque deux fois. Cette fois, c’est bon ? Non, Dagneau frappe un double pour créer une nouvelle égalité. Avec deux retraits, Vissac frappe un simple bon pour le point victorieux. Rouen remporte le match 2 devant un public abasourdi. Avec seulement 5 hits contre 18 pour Montpellier, mais 17BB ! Comment les Barracudas ont-ils pu lâcher le match ainsi ? Invraisemblable. ce match va hanter les nuits des Montpelliérains.
Une semaine plus tard, les deux équipes se retrouvent à Montpellier.
Les Barracudas ont surement encore en tête le précédent match. Rouen marque quatre fois dès la première manche. En 8ème, Les Huskies sont devant 5/1 mais Montpellier va pousser et rêver à son tour d’un comeback en fin de rencontre.
On va à nouveau jouer un tie break. Un double d’Hernandez met fin aux espoirs des locaux, battus à nouveau, 7/5.
C’est l’heure de la finale. Rouen retrouve Savigny, vainqueur d’une surprenante équipe de La Rochelle.
Le match 1 est dominé par les Huskies, même si Savigny score deux fois dès la première manche face à Yaferson Lopez. Mais le bâton de Martin Vissac est en feu (3 hits, 2 RBI). Et l’Australien Todd van Steensel, à la peine en championnat, retrouve son niveau et maitrise l’attaque de Savigny (2IP, 1H, 0BB, 4K). Rouen s’impose 8/5.
Le match 2 est compliqué pour l’attaque rouennaise. José Guzman domine sur sa butte. (7IP, 6H, 2BB, 7K). Mais comme souvent, Rouen sait renverser les situations sur une seule manche. C’est le cas en 7ème. Bert sort sa spéciale, l’amorti. Harrison et Vissac suivent avec des simples. Un roulant de Gleeson permet de marquer un premier point. Brainville à deux retraits frappe solidement sur l’arrêt court, dont le lancer en 1ère est hors cible. Rouen marque deux fois sur l’erreur. 3/3.
Savigny groggy, voit le match lui échapper. Rouen revient de loin et assomme son adversaire en 8ème avec quatre points sur des hits de Lefevre et de Gleeson. Rouen s’impose 7/4 et mène 2/0 dans la série.
Le match 3 est à nouveau très disputé. Rouen prend les devants 2/0 dès la première manche avec des hits d’Hernandez et de Dagneau.
Mais la 5ème manche est compliquée avec 3 points encaissés (3 hits, 1 erreur). Quentin Moulin entre en relève pour sortir de la manche.
Les Huskies pensant avoir fait le plus dur en 7ème en marquant 3 fois (homerun de Gleeson, double d’Hernandez, simple de Lefevre). Rouen est à deux manches du titre.
Mais ce serait trop simple et les finales ne sont jamais simples.
En 7ème également, Savigny profite de deux erreurs rouennaises pour marquer également deux fois (4/5). En 9ème, les Huskies poussent, placent Gleeson en 2 et Hernandez en 1. Mais Dagneau frappe dans le double jeu. Savigny gagne 5/4 et est toujours en vie dans cette finale.
Match 4. Savigny est dos au mur. Défaite interdite. Les Lions se jettent dans la rencontre avec agressivité. Dès la première manche, ils marquent deux fois. Les frappeurs rouennais eux sont dominés lors des trois premières manches. Aucun hit.
Le réveil est violent en 4ème manche. Brainville, Dagneau, Bert cognent et produisent trois points. Puis deux de plus la manche suivante sur un double de Dagneau. C’est plié, Savigny ne reviendra plus. D’autant que Van Steensel continue de lancer le feu. Il entre en 7ème manche et asphyxie l’attaque adverse. 1 seul hit (0BB, 4K)… Et Brainville frappe un homerun en 9ème pour mettre un terme aux espoirs des Lions. Rouen s‘impose 6/3 et remporte un 17ème titre de champion de France en … 17 finales disputées. 100% de victoires finales.
Boris Marche, le jeune manager rouennais, réalise pour sa première saison un incroyable triplé. « Je suis très très fier de l’équipe. Ce qu’on a construit cette saison, ce sont des victoires mais aussi une aventure humaine. On a créé des liens tous ensemble qu’on n’est pas près d’oublier, exprimait avec émotion Marche après la rencontre dans les colonnes de Paris-Normandie. Fier de mes joueurs, des étrangers venus nous renforcer qui se sont vite adaptés, de notre club, de nos dirigeants, de tous les gens qui gravitent autour des Huskies pour faire d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. »
Retrouvez le stats de la finale de D1, du Challenge et de la Coupe d’Europe ici :