10 Nov Retour sur la finale 2024
Une grande équipe
Les Huskies n’ont laissé pratiquement aucune chance aux Lions. Tant pis pour le suspens. Tant mieux pour le plaisir.
Cette finale ne rentrera pas forcément dans l’histoire. Rouen était simplement au-dessus. Les Huskies n’ont jamais été menés au score. Sur les 27 manches jouées, ils ont été devant pendant 18 d’entre elles.
On ne va pas dire que tout fut facile ou parfait. Savigny a lutté. Les Lions auraient pu même donner un tout autre scénario à cette finale s’ils avaient pu saisir les opportunités qui se sont présentées à eux dans chaque match.
La première, dès la première manche, ce sont les buts remplis avec 1 seul retrait. Vous voulez un peu de stats avancées ? Dans ces circonstances, le nombre de points attendus (run expectancy) est de 1,63 en moyenne. Et le pourcentage de chances de gagner le match (win probability)) est de 64 %. Mais Josh Vincent fermait la porte au nez et à la batte de Viger et L.Amoros. Deux innings plus tard, les Huskies, eux, ne laissaient pas l’occasion : Masson envoyait Gleeson et Defries marquer et croisait le marbre trois frappeurs plus tard sur le ballon-sacrifice de Brainville. 3-0, le match était plié.
La deuxième, dans le 2e match, profitant d’un étonnant retour des errements défensif des Huskies en 3e manche, Savigny, mené 0-2, revenait à hauteur, avec Acuna à la manœuvre. Le run expectancy était de 0,55 et le win probability de 56 %. Avec les frappeurs 2 et 3 à venir, Savigny pouvait faire plier les Lions. Mais Esteban Prioul dominait Jiminian et A.Amoros. Dès son passage à l’attaque, Rouen, de nouveau, allait reprendre les devants sur un simple de deux points d’Harrison. C’était fini.
La troisième, dans le 3e match. Après un bras de fer intense, Rouen parvenait à prendre les devants en fin de rencontre. Mais les Lions ne veulent pas mourir. Deux simples, un but sut balles, les bases remplies sans aucun retrait. Mais un seul point viendra marquer, et encore, sur un ballon-sacrifice. Rouen, encore une fois, avait profité d’un petit relâchement des Lions. Et d’un destin qui lui est souvent favorable quand cela compte. Savigny était privé pour cet affrontement de son arrêt-court titulaire, Tissera. C’est le jeune Rioux qui jouait ce match décisif à cette position qu’il n’avait jamais occupée cette année. Et, en 7e manche, à 0-0, il ne pouvait capter un roulant assez anodin de Brainville. On ne fait pas ce genre d’erreur face aux Huskies. Le premier point venait marquer sur un simple de Vissac. Et puis à la manche suivante, JC Masson sortait la balle très loin au champ droit, lui qui n’avait pas frappé un circuit de la saison.
Faire payer l’adversaire quand il exécute mal. Être à son meilleur quand le moment est vraiment décisif. C’est une recette que les Huskies appliquent depuis des années en finale. Et, manifestement, les ingrédients n’ont pas été oubliés au fil du temps.
Alors oui, Rouen était au-dessus. .288 de moyenne collective contre .151. 6 extra-bases contre 0. 12 bases volées contre 3. 0,33 de ERA contre 3,81. 35 strike-outs lancés contre 15. Les statistiques sont impitoyables. On retrouve aussi des chiffres significatifs en regardant les ordres à la batte. Les frappeurs 1-3 des Huskies ont cogné pour .432 contre .257 pour ceux des Lions, les frappeurs 4-6 pour .222 contre .133 et les frappeurs 7-9 pour .193 contre .036. Et la profondeur du monticule était sans pareil. Dans le match 3, Mercadier et Vincent étaient encore tranquillement assis pour la suite éventuelle, ce qui laissait quelques perspectives encourageantes pour coach Becquey.
En parlant d’individualités, comment ne pas souligner le jeu de Jalen Smith. À l’image de son club, le MVP de la finale n’a cessé de s’améliorer au fil de la saison. En avril, ce fut moyen . 312 d’average. En mai, il monte à .437, puis en juin, cela reste très solide à .409. Petite baisse en juillet à .333, avant de finir la saison en boulet de canon : .457 en septembre, .643 en octobre. Et pour parler de chiffres incroyables, Smith a frappé pour .526 à domicile sur toute la saison. SI on s’arrête un instant sur Smith, c’est pour souligner que le recrutement des Huskies pour une réussite totale, symbole parfait de la volonté de changement du nouvel entraîneur des rouennais.
Alors, d’accord cette finale ne rentrera pas dans l’histoire par son niveau de suspens ? Peut-être. Mais les Huskies qui saluent leur public au son d’un clapping, qui soulèvent sur leurs épaules leur coach, et qui vont fêter ensemble jusqu’aux petites heures du dimanche matin, s’en moquent bien. Ils ont gagné, et après tout, c’est tout ce qui compte. Ils ont même signé un 6-0 en play-offs, ce qui n’était arrivé jusqu’alors que deux fois dans l’histoire (Sénart 2014, Rouen 2018). Pas une grande finale, mais une grande équipe.