01 Jan 2024, la rétro de l’année
2024 sera la saison où Rouen a de nouveau gagné, après une parenthèse difficile en 2023.
Du Québec plein la tête
Les relations entre les Huskies et le Québec ne datent pas d’hier. Il suffit d’égrener la liste des joueurs de la Belle Province ayant porté le maillot rayé pour s’en convaincre : Tapia, Stinco, Rochette, Paulhus, Roy, Raymond, Blais, Calari, Medley, Gadoua, Bougie, Deslandes, Chénard, Scalabrini, Masson, tous ont laissé des souvenirs de victoires et de titres. Ces échanges se sont encore renforcés en 2024. D’abord chez les petits Huskies, qui se sont rendus une nouvelle fois à la « classique Bob Bissonette », un tournoi réservé aux 13U, merveilleux organisé, avec un excellent niveau de compétition. Outre les matches, les jeunes gens, hébergés dans des familles québécoises, se sont immergés dans un univers de baseball, en assistant à un match dans le somptueux stade Canac de Québec, et se sont offert quelques belles visites touristiques.
Quelques semaines auparavant, Rouen a reçu de la grande visite : Patrick Scalabrini, le manager des Capitales de Québec Jean-Philippe Roy, le recruteur des Aigles de Trois-Rivières, pour une grande première : un try-out, autrement dit un camp d’évaluation, ouvert à tous les joueurs européens, avec la possibilité d’obtenir une invitation dans les deux équipes. A l’issue de deux jours de tests, c’est Thibault Mercardier qui a retenu l’attention des Caps, et a pu rejoindre la prestigieuse organisation, devant le 4è français à porter le maillot des Caps après René Leveret, Maxime Lefevre et Anthony Cros.
Et pour compléter cette bromance entre le Québec et les Huskies, ce sont les Capitales qui ont informé les Huskies qu’un jeune talent québécois, issu de l’organisation des Blue Jays, cherchait à tenter sa chance en Europe. C’est ainsi que JP Masson est venu porter le maillot des champions de France.
Un doublé pour finir
Il y eut bien des larmes d’émotion à Nantes, après le dernier retrait de la finale de la Coupe de France 18U. Il faut dire que les Huskies se sont offerts un week-end qui restera longtemps dans leurs mémoires. Le genre de victoires qui marque une vie, une carrière, et qui, très probablement, en appelle bien d’autres, à l’étage supérieur.
Les U18 rouennais se sont qualifiés pour le final four en faisant rendre gorge aux Bretons : Nantes, Bréal et La Guerche n’ont pas résisté longtemps aux assauts des jeunes Huskies. Mais le plus dur restait à faire.
Quatre équipes se retrouvaient pour un titre, sur le terrain de Nantes. Pour les Huskies, la première marche était déjà haute : le tenant du titre, le Paris UC, dont les succès dans les catégories jeunes en sont plus à démontrer. Pendant les 5 premières manches, les équipes se regardent droit dans les yeux. Malgré de la pression de part et d’autre, quelques erreurs aussi, les défenses et le pitching (10 K pour Mattéo Manaranche !) tiennent le choc. 0-0. Ruben Cerda entre au monticule, il ne concède rien. AU tour des Huskies de frapper. Raphael Tisca frappe un simple, Hugo Lacaille dépose un sacrifice parfait. Au tour de Ruben Cerda de frapper un simple : coureur en 1 et 3, un retrait. Un troisième hit, celui de Mathys Brouard, donne l’avantage aux Huskies. 1-0. Il faut fermer la porte, maintenant. Les deux premiers pucistes sont retirés. Mais Kakinoki et Dussart (dont le père a souvent tourmenté les Huskies…) ne veulent pas rendre les armes. Ils se retrouvent en 2è et 3è base. Ruben Cerda serre les dents, serre le jeu et retire Leialoha sur trois prises pour mettre fin au suspens et envoyer son équipe en finale.
C’est du solide, en face des Huskies. Les Cometz de Metz qui, eux aussi, ont accordé beaucoup d’attention à leur stratégie de formation. Sur la lancée de son match de la veille, Ruben Cerda décide que la finale n’aura pas de suspens. Dès la première manche, sur le premier lancer qu’il voit, il catapulte le lancer d’Hugo Py loin dans la gauche, avec Tisca et Lacaille sur les sentiers. C’est 3-0. Metz revient à 1-3, mais Cerda produit un nouveau point en 3è manche pour redonner 3 points d’avance à son équipe. Les jeunes lorrains ne vont se rendre : ils marquent 2 points en 4è, puis, alors que le score est de 5-3 pour Rouen, ils profitent d’une manche difficile en défense et au monticule des Rouennais pour passer devant : 6-5 pour Metz. Le score ne bougera pas jusqu’en 7è manche. C’est la dernière chance pour les Rouennais. Den-Hertog et Rau sont sur les sentiers. Rafael Tisca à la plaque. Prise. Balle. Puis home-run ! Un coup de canon de 3 points, dans une ambiance qui tourne à la folie dans l’abri des Huskies. Metz ne parviendra pas revenir au score. Les jeunes rouennais célèbrent dans une ambiance indescriptible, non sans avoir une pensée pour leur coéquipier Alex Laval-Quesney, absent pour cause de blessure. Alors qu’on croit remarquer quelques larmes couler sur les joues du papa-coach Mickey Cerda, on distingue aussi dans le regard de Quentin Becquey comme l’envie de remettre ça, avec les grands, quelques jours plus tard.
Une finale maitrisée et un 18ème titre
C’est ce qui sera fait. Avec un petit peu moins d’émotions, peut-être. Sauf dans le premier match de la demi-finale contre Toulouse, où les grands ont copié les jeunes en effectuant une belle remontée en fin de match, avant de faire la différence assez facilement dans les deux matches suivants. Les Huskies retrouvent Savigny en finale, copie conforme de l’affrontement de 2022. Le dernier titre remporté par Rouen. Deux ans sans soulever une coupe, c’est une éternité pour les Huskies. Alors, ils emploient la manière forte : 6-0 dans le premier match, 11 coups-sûrs à 3, Rouen a tout de suite montré qu’il n’était pas là pour faire de la figuration. Même écart dans la deuxième rencontre 8-2, et, après un début de match serré, voire à l’avantage des Lions, la mise en marche inexorable du rouleau compresseur dans les manches 4,5,6, avec un quatuor offensif extrêmement productif : 16 hits au total dans les 2 matches pour les 4 premiers frappeurs, Defries, Masson, Smith et Blondel.
On se retrouve une semaine plus tard au Stade Saint-Exupéry avec une mission qui n’est pas si évident que ça pour les Rouennais. Balayer la finale. 3-0, ça leur est arrivé en 2003 (contre Savigny…) en 2018 (contre Montigny), et puis c’est tout. Les Huskies aiment bien musarder, parfois, baissent leur niveau d’intensité quand il s’agit de conclure. Et puis Savigny n’est pas du genre à se laisser marcher dessus. Le match est tendu, pendant 6 manches. Les lanceurs dominent, mais les attaques réussissent à placer quelques coureurs sur les sentiers. Les Lions, par exemple, menacent fort en 5è manche, avec coureurs en 2 et 3 et un seul retrait. Mais ils ne parviennent pas à marquer. C’est, tristement, une erreur qui fera basculer le match en 7è. Un roulant mal négocié par Rioux à l’arrêt-court (Tissera, le titulaire habituel du poste, est blessé), sur une frappe de Brainville, va ouvrir la porte. Bert la poussera encore un peu plus avec un but-sur-balles, puis Martin Vissac, qui adore produire des points décisifs en finale (remember 2021), frappera un simple décisif. A la manche suivante, JC Masson cognera son premier homerun de la saison puis Joseph Toubeaux poussera Smith au marbre pour porter le score à 3-0. Savigny aura beau remplir les sentiers avec aucun retrait à son retour à la batte, Esteban Prioul parviendra à limiter les dégâts à un point. Et Rouen pourra fêter son 18è titre… Et, cette fois, c’est dans les yeux de Quentin Becquey qu’on a cru voir un peu d’humidité. Le jeune coach, succédant en début de saison à Boris Marche, a connu une année qui aurait pu être très compliquée, mais qu’il a su remettre sur les rails. Il a appris à la dure, mais a transformé son essai.
Construire, toujours construire
Au-delà des victoires sur le terrain, au-delà du rayonnement international, les Huskies cherchent en permanence à faire vivre leur écosystème. 2024 a été ainsi émaillé de plusieurs nouveautés, à commencer par la création d’une nouvelle section à Isneauville, afin de s’implanter plus profondément dans l’agglomération rouennaise, de toucher de nouveaux publics, d’améliorer sa visibilité. Il y eut aussi la naissance du club partenaires, afin de s’ouvrir aux entreprises locales, de tisser des liens avec le monde économique, de se faire, là aussi, connaître d’une nouvelle audience. Au niveau des infrastructures, le début 2024 a été marqué par la pose d’un nouveau synthétique et la fin d’année à vu la pose des poteaux de home-runs, tandis que, le jour de la demi-finale retour, était apposée une plaque en mémoire de Pierre-Rolland, parce qu’à Rouen, on n’oublie pas. La tenue du Challenge de France, même si il fut un gros point noir sportif avec une peu glorieuse élimination dès le premier tour, a démontré le savoir-faire organisationnel du club et de ses bénévoles, avec en première ligne une Tanière qui n’a pas dérougi pendant 4 jours. La Huskies TV, elle aussi, a suivi le mouvement, en lançant ses premières émissions d’avant-match pendant les play-offs, pour apporter plus de contenu et d’angles à son public. Et puis comme les projets ne s’arrêtent jamais, à peine les vapeurs de fête du titre dissipées, les Huskies ont envoyé leur dossier de candidature pour organiser la Coupe d’Europe en 2025, recevant une réponse positive de la Confédération européenne. C’est tout cela, un club.